« Un des plus beaux moments de ma vie »

Jean X, Psy du Cœur à Annecy

Nous pensions créer notre Antenne dans notre coin à Annecy, sur le modèle de nos aînés parisiens et ne savions pas à l’époque que la vocation des Psys du Cœur était d’exister au niveau national.

Mais l’enthousiasme communicatif de Florence a su nous convaincre et nous avons donc créé la première antenne et bénéficié du soutien et de l’expérience des Parisiens.

Nous avons néanmoins « négocié » notre particularité. Nous voulions ouvrir notre Antenne à des non-gestaltistes, avec lesquels nous collaborions localement et que nous connaissions bien, et nous souhaitions faire appel à des personnes non-thérapeutes pour accueillir les passants que nous recevrions. Notre ambition était de travailler avec eux sur l’accueil humaniste des personnes venant nous voir. En effet, ce qui nous semblait très souhaitable – et plutôt révolutionnaire – était de favoriser l’expression des passants à l’accueil, souvent isolés socialement, et pouvant partager et valoriser leur expérience de vie, se sentir moins seuls dans leur vécu et pouvant recevoir des paroles de soutien pour les autres consultants.

Cela supposait de la part des accueillants d’excellentes qualités d’écoute et de soutien à la parole, et nous avons été particulièrement heureux de pouvoir faire appel à des personnes compétentes dans ce domaine.

Pour nous, les fonctions d’accueillants et de thérapeutes étaient toutes deux importantes et se complétaient merveilleusement.

Dernière particularité, nous voulions que ce lieu d’accueil soit aussi un lieu de clinique pour les étudiants en fin de formation de thérapeutes, afin de leur permettre de conduire des entretiens en présence de thérapeutes confirmés qui leur serviraient ainsi de soutien.

Pendant une année, toutes les démarches que nous faisions pour nous faire connaître et trouver un local sont restées vaines. On nous a même taxés « d’entreprise sectaire » (sic). Notre ami Accoyer, maire de la commune jouxtant Annecy et promoteur de la loi anti psychothérapeutes était aussi influent localement. Le climat était à la suspicion.

Nous avons néanmoins continué de nous réunir une fois par mois pour constituer le groupe, se soutenir dans les démarches que nous faisions, se connaître, montrer concrètement à partir de practicums (actif, agissant) ce qui se passait pendant un entretien thérapeutique, croiser nos connaissances et nos expériences sans oublier la convivialité tellement importante pour favoriser notre complicité.

Un an après, nous avons enfin pu disposer d’un local prêté par la mairie d’Annecy et avons participé au Forum des associations, ce qui nous a permis d’attirer nos premiers passants. Voici donc maintenant 10 ans que notre permanence accueille tous les samedis matin, sauf exception, des passants, avec en général 2 thérapeutes et 2 accueillants et jusqu’à parfois une douzaine de passagers par matinée !

L’histoire de l’antenne d’Annecy, comme toutes les autres, a connu des hauts et des bas. Mais, promis, demain, on enlève le bas !

Nous sommes en recherche de modes de fonctionnement sur le modèle de la gouvernance partagée et, comme vous le savez, ce n’est pas aisé. Néanmoins, l’optimisme est de règle et nous recrutons en ce moment beaucoup de jeunes thérapeutes en fin de formation qui assurent une belle relève.

Il est temps pour moi de partir. J’ai envie de passer à autre chose dans ma vie et des soucis de santé me poussent à lever le pied aussi bien à mon cabinet que j’arrête, qu’aux Psys du Cœur.

Néanmoins, cette expérience à Annecy ainsi que les rencontres avec beaucoup d’entre vous resteront dans mon cœur comme un des plus beaux moments de ma vie.

Merci à vous tous, rencontrés sur le chemin.

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